À l'approche de notre Assemblée générale annuelle, Action cancer du sein de Montréal est en train de célébrer 10 années d'activisme, d'éducation et de réseautage au nom des femmes souffrant d'un cancer du sein. Le 26 avril dernier, plusieurs d'entre vous avez participé à l'événement spécial marquant cet anniversaire qui avait lieu à l'Université Concordia. Pour les autres ou pour celles qui aimeraient en conserver un souvenir, voici un compte-rendu des points marquants de cette soirée.

Nous avons accueilli la co-fondatrice d'ACSM, Sharon Batt, qui habite maintenant à Halifax et qui une journaliste et activiste mondialement connue, auteure de Patient No More, et avons présenté à nos membres Dr Janette Sherman, auteure de Life's Delicate Balance—A Guide to Causes and Prevention of Breast Cancer. Les deux conférencières ont insisté sur le fait que le cancer du sein était un problème économique et politique en plus d'un problème sanitaire, et que son éradication nécessitait une transformation des valeurs sociales. La présidente, Rose Alper, a d'abord prononcé quelques mots de bienvenue puis elle a présenté notre animateur, Peter Downie, professeur et journaliste connu qui travaille depuis plusieurs années à la radio et à la télévision de Radio-Canada.

La première conférencière était Janette Sherman, médecin, scientifique, et passionnée de l'action humanitaire. Elle remet en question les quantités excessives de produits chimiques à base d'hormones que l'on inflige à leur insu aux populations et à l'environnement. Se pourrait-il, demande-t-elle, que les hormones de croissance administrées au bétail se retrouve dans la viande, le lait, le fromage et le yogourt que nous consommons? Est-il possible que les hormones administrées aux animaux causent aussi une croissance anormale et l'obésité chez les humains? Les consommateurs de vin, de bière ou d'alcool absorbent-ils les pesticides appliqués sur les céréales et les vignes, endommageant ainsi la croissance des cellules? Comment notre santé est-elle affectée par le fait que nous vivons dans un monde plein de pesticides? Dr Sherman suggère que nous pensions à faire analyser notre sang afin de détecter nos propres niveaux de produits chimiques xénobiotiques, tels que les PCB, dioxines, DDT/DDE, chlordane, heptachlore et autres qui sont reconnus comme des causes de cancer du sein chez les femmes et de cancer de la prostate chez les hommes. Le test sanguin est disponible chez Accu-Chem, un laboratoire à Richardon, au Texas. Leur numéro de téléphone est le 1-800-747-2878. (Ils vous diront de quels contenants en verre et empaquetage vous avez besoin et le coût du test.)

Le Dr Sherman participe également au Projet Tooth Fairy, qui fait la collecte de dents de bébé afin de les tester pour le Strontium 90 (Sr-90) radioactif, l'un des éléments les plus nocifs qui sont libérés par les installations nucléaires. Détecter la quantité de radioactivité qui pénètre dans nos os est essentiel pour pouvoir décider si les installations nucléaires et de fabrique d'armes contribuent ou non au taux de cancer en Amérique du Nord. Les résultats peuvent déterminer si les taux sont plus élevés dans le voisinage de certaines installations nucléaires.

À cause des ressemblances entre la structure chimique du Sr-90 et celle du calcium, le corps humain emmagasine le Sr-90 dans les dents et les os où il continue d'émettre des rayons cancérigènes. (La majeure partie du Sr-90 trouvé dans les dents de bébé a été absorbée par le fœtus durant la grossesse de la mère.) Les études démontrent que, deux années seulement après la fermeture d'une usine nucléaire, le taux de mortalité des enfants de la région diminue considérablement alors que les femmes qui habitent à proximité d'une telle usine ont des taux élevés de cancer du sein.

La deuxième conférencière, Sharon Batt, fait remonter l'histoire d'ACSM à l'époque où les survivantes du cancer ne se confiaient qu'à leurs intimes, et où les organisations sur le cancer du sein devaient servir la cause de la recherche, trouvant du financement pour les "experts" sans toutefois avoir leur mot à dire sur l'utilisation des fonds. Cet état de choses a cessé en 1993, à Montréal, lors du Forum national sur le cancer du sein lorsque les femmes d'ACSM ont réussi à inclure les survivantes dans le processus de prise de décision. Elle suggère que ACSM se définisse par les problèmes auxquels elle s'intéresse: la structure du programme de dépistage par mammographie imposé par le gouvernement, l'acceptation de certains médicaments à forte dose chimiothérapique, Taxol et Herceptin, ainsi que les risques associés au dépistage génétique, tels que la discrimination possible contre les femmes dont le test est positif.

Sharon Batt a aussi parlé du type de valeurs sociales qui placent les profits au-dessus de la santé et du bien-être des citoyens. Les membres d'ACSM continuent à se battre contre le statu quo — la main mise des compagnies pharmaceutiques sur la médecine et son influence sur le processus d'approbation des médicaments, deux choses qui contribuent à l'érosion de la confiance dans le système médical et les agences gouvernementales qui sont censées nous protéger.

Elle encourage ACSM à continuer de faire pression pour que des recherches s'effectuent sur des traitements moins toxiques et plus abordables pour le cancer du sein, sur des façons de sensibiliser la population au rôle des polluants environnementaux comme cause de cancers; elle conclut en affirmant que ACSM a de forts alliés parmi les mouvements sociaux, tels que le mouvement environnementaliste (en particulier sa composante de justice sociale), le mouvement féministe (par sa critique du modèle masculin de santé nord-américaine), et la préoccupation croissante du public pour la santé.

Pour plus d'information sur l'étude des dents de bébé, prendre contact avec le Radiation and Public Health Project (RPHP) au (305) 532-5565 ou par courriel au . Les enveloppes (pour les mères d'enfants âgés de 6 à 9 ans qui perdent leurs dents de bébé) sont disponibles à nos bureaux. Life's Delicate Balance—The Causes and Prevention of Breast Cancer par Janette Sherman, M.D., est publié par Taylor & Francis (New York et Londres, 2000), ISBN 1-56032-870-3.