Nous voulons tous nous protéger, ainsi que nos familles, contre les incendies. Mais les règlementations sensées nous protéger nous exposent-elles de façon non-intentionnelle à des produits chimiques toxiques ? Une nouvelle étude menée par le Silent Spring Institute suggère que les strictes normes d’inflammabilité californiennes pour l’ameublement, les plus strictes au monde, peuvent causer la présence d’un taux élevé d’agents ignifuges, les PBDE (éthers diphényliques polybromés), dans les résidences et les résidents de la Californie si l’on compare à d’autres endroits dans le pays et dans le monde.

Les PBDE sont ajoutés à des items ménagers de tous les jours, comme les mousses d’ameublement et produits électroniques, depuis les années ’70. De plus en plus d’évidences montrent que les PBDE peuvent se dégager dans l’air et la poussière, pour être ensuite respirés et ingérés par les personnes exposées. Les enfants sont spécialement vulnérables car ils passent beaucoup de temps à jouer par terre et aiment mettre des choses dans leur bouche. Un rapport récent du Environ-mental Working Group montre que les jeunes enfants ont un niveau de PBDE dans leur sang trois fois plus élevé que celui mesuré chez leurs parents.

Bien que les effets des PBDE sur la santé humaine demeurent incertains, des tests sur des animaux suggèrent que ces produits chimiques affectent la production d’hormones thyroïdiennes et causent des problèmes de développement et de reproduction. De plus, les PBDE sont de proches parents des BPC, des produits chimiques industriels maintenant bannis qui ont été utilisés dans des équipements électriques. Les BPC ont été liés au cancer du sein et au développement compromis du cerveau chez les humains.

L’étude du Silent Spring Institute a trouvé dans la poussière des maisons californiennes des niveaux de penta-BDE, un mélange commercial de PBDE utilisés dans l’ameublement fait de mousse, de 4 à 10 fois supérieur au niveau mesuré ailleurs aux états-Unis et 200 fois supérieur au niveau mesuré en Europe. Les maisons les plus contaminées avaient les niveaux les plus élevés jamais observés dans la poussière domestique. Les chercheurs ont aussi trouvé du penta-PBDE dans le sang des résidents californiens à un niveau double de la moyenne nationale.

La bonne nouvelle est que la fabrication du penta-PBDE a déjà été progressivement éliminée à cause de préoccupations à l’égard de la santé. Mais ce produit chimique traine encore dans de vieux produits, dans l’environnement, dans la faune et les humains.

Autre point troublant : afin de respecter les normes rigoureuses de la Californie, de nouveaux produits chimiques, de structure similaire à celle des PBDE et que l’on suspecte de montrer une toxicité similaire, ont pris la place des PBDE sans que leur sécurité ne soit testée à ce jour. Les préoccupations à l’égard de la sécurité ont fait mauvaise réputation au PBDE ; les manufacturiers ont donc cessé d’en fabriquer. Le problème est maintenant qu’un autre produit chimique potentiellement dangereux l’a remplacé. Ces agents ignifuges alternatifs incluent des produits largement utilisés mais peu étudiés tels que le Firemaster 550 et le TDCP [tri-(1,3-dichloro-2-propyl) phosphate], un produit cancérigène probable.

La Californie considère maintenant d’étendre l’application de ses normes d’inflammabilité aux couvre-lits et le gouvernement américain considère l’adoption de normes similaires, des mesures qui sans aucun doute augmenteront l’utilisation d’agents ignifuges potentiellement pernicieux.